Qualité de l’air intérieur : attention danger

Depuis 1937, la loi impose la mise en place d'un dispositif d'aération des logements. Pour toutes les maisons construites avant cette date, seule l'ouverture des fenêtres contribue à aérer le logement. Différents systèmes de ventilation ont vu le jour dans ce domaine, mais l'air de nos maisons continue de se polluer. Pourquoi ?

La pollution de l'air intérieur

Sachant que nous passons environ 90 % de notre temps à l'intérieur de bâtiments (habitations, bureaux, magasins), la préoccupation de la qualité de l'air intérieur n'est pas à négliger. Nos maisons s'enrichissent au fil du temps de toute sorte de matériaux et d'objets véritables pièges à C.O.V (Composés Organiques Volatiles) en plus ou moins forte concentration.
Les C.O.V sont présents dans de nombreux produits comme les enduits, plaques de plâtre, peintures et parfums d'intérieur entre autres.
L'aldéhyde, le benzène, les hydrocarbures, le formaldéhyde et le méthylbutane font partis de ces composés. Les conséquences de la pollution de l'air intérieur sont multiples : gêne due aux odeurs, somnolence, irritations (peaux, yeux), allergies respiratoires et pathologies plus graves si le sujet a été exposé à des substances toxiques présentes dans l'air sur une longue période.

Deux types d'expositions peuvent être dangereuses pour l'Homme :

• l'exposition à de fortes doses de polluants (sur une courte période puisqu'on se rend généralement rapidement compte qu'il y a problème).

• l'exposition prolongée, voire continue, à de faibles doses de polluants.

C'est sur ce deuxième point plus insidieux qu'il est nécessaire d'informer et d'agir.

Des organismes veillent à la qualité de l'air intérieur

Le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) est un établissement public sous la tutelle du Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement Durable et de la Mer qui a pour mission d'améliorer la qualité des constructions et de leur environnement, notamment en réalisant des travaux de recherches scientifiques et techniques pour le secteur de la construction et du logement.
D'après une enquête publiée en 2006 par le CSTB, l'air intérieur d'un logement sur quatre en France est pollué. Des mesures se mettent progressivement en place pour remédier à cette situation. Le CSTB organise des formations sur la qualité de l'air intérieur destinées aux professionnels du bâtiment et de la santé.

L'AFFSET (Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail) fait la chasse aux matériaux de construction et aux produits de décoration qui pollueraient l'air intérieur de nos maisons en étiquetant les produits susceptibles de dégager un taux de COV trop important, nuisible à la santé de l'Homme. Cette mesure vise à guider les particuliers dans leurs achats.

Qualité de l'air intérieur : O.Q.A.I

L'OQAI (Observatoire de la Qualité de l'Air) effectue des campagnes de mesure de la pollution de l'air intérieur dans divers endroits (écoles, habitations...) afin d'en connaître les origines et les dangers, pour ensuite apporter des solutions (prévention et contrôle). Il sensibilise autant le grand public que les professionnels de santé et du bâtiment. Nous avons contacté Andrée BUCHMANN, Présidente de l'OQAI, qui a accepté de répondre à nos questions.

Idées Maison : Depuis quand et pourquoi L'OQAI a t'il été créé ?

Andrée BUCHMANN : L'OQAI a été créé en 2001 à la demande du corps médical et para-médical, notamment des allergologues alertés par le doublement de l'asthme et des allergies en 20 ans, et le monde du bâtiment, préoccupés de la méconnaissance des conséquences sanitaires de matériaux et de systèmes mobilisés dans la construction. Il a été mis en place par les ministères en charge du logement, de la santé et de l'environnement et son animation a été confiée au CSTB.

IDM : Quelles sont les missions de l'O.Q.A.I ?

A.B : Les missions de l'OQAI sont les suivantes :

• Identifier les substances, agents et situations qui, en affectant la qualité de l'air intérieur des bâtiments, présentent un risque pour la santé des personnes ; préciser les origines des polluants de la qualité de l'air intérieur ainsi que leurs contributions.

• Évaluer l'exposition des populations aux polluants afin de contribuer à l'évaluation et à la gestion des risques sanitaires correspondants

• Accumuler la connaissance sur des contaminants de l'air intérieur ayant effet sur la santé.

• Mettre au point des recommandations visant à guider les acteurs du bâtiment dans leur démarche d'amélioration de la qualité de l'air intérieur (conception et choix des matériaux de construction, optimisation de la ventilation...) et, le cas échéant, de mettre au point et de proposer les pistes éventuelles de renforcement de la réglementation.

• Aide méthodologique aux organismes qui procèdent à des mesures de l'OQAI

IDM : Le Grenelle de l'Environnement prévoit l'étiquetage obligatoire des produits nocifs à la qualité de l'air au 1er janvier 2012. Cela ne relève que du domaine de l'information, pourquoi ne pas agir en amont, en interdisant la commercialisation de ces produits ?

A.B : L'étiquetage permet déjà de choisir en fonction de la connaissance du moment. L'OQAI fournit de la connaissance en consensus scientifique. Ce n'est pas notre rôle de légiférer. Les Parlementaires, le Gouvernement peuvent se saisir de nos données pour prendre toutes les initiatives possibles....

IDM : Quels conseils ou solutions pouvez vous donner à nos lecteurs dans leur vie quotidienne ?

A.B : Aérer, éviter de polluer, faire preuve de bon sens. Surtout ne pas penser que les mauvaises odeurs sont détruites par d'autres odeurs. Tout ce qu'on ramène sont des molécules polluantes supplémentaires.

IDM : Quels sont les risques pour l'Homme mais aussi pour la Maison si l'air intérieur est pollué ?

A.B : Cela peut aller de la gêne au cancer. Ne pas se sentir très bien, être incommodé, devenir malade (Sick building Syndrom), parfois gravement.

Un grand merci Andrée BUCHMANN
Source : Partenaire européen, OQAI, AFSSET, CSTB