Les craquements sont une des caractéristiques propres à ce type de construction dont tous les éléments sont assemblés à sec et soumis aux contraintes mécaniques des passages répétés. Le moindre déplacement des pièces les unes par rapport aux autres engendre un frottement générateur de bruit. Ces grincements sont particulièrement sonores car les surfaces de bois font office de caisse de résonance. Il faut donc éviter que le bois bouge au passage du poids de l'utilisateur. La structure des limons doit être solide pour ne pas fléchir, d'où les épaisseurs importantes préconisées : 50 mm (cave), 60 mm (classique) et plus selon l'emmarchement et la portée des volées. Cette structure doit reposer sur des assises parfaitement établies de niveau (aucun porte-à-faux et calages parfaits) capables de supporter son poids : paliers de départ et d'arrivée, poteaux et soutiens intermédiaires (pattes scellées ou vissées).
Les assemblages limons/poteaux doivent être parfaits et sans jeu. Le bois sera de premier choix, sec et garanti stable à la cote finie. Profil de la pièce de recouvrement 10 10 30 20
Note : un limon reconstitué par plis comme il a été indiqué remplit parfaitement ces conditions. Les marches doivent être épaisses, 40 mm minimum pour un emmarchement inférieur à 1m, 50 mm au-dessus, et bien soutenues par les contremarches. Le choix du bois appelle les mêmes commentaires que pour les limons : 1er choix, plan, sec et stable. Ce sont les marches qui, soumises directement à l'effort, sont à la source des bruits. L'impact du pied sur le nez de marche provoque simultanément sa flexion et une tendance au basculement. Ces efforts se concrétisent sous forme de frictions :
- A la crémaillère et aux limons par les points d'appui (queues et collets) d'où l'intérêt de désaccoupler ces éléments par interposition de liège et l'aménagement des petits jours intercalaires déjà évoqués.
- Aux autres marches par l'intermédiaire des contremarches d'où la nécessité du bon calage des unes sur les autres tout en laissant entre elles un jeu de fonctionnement anti-friction (assemblage tenon/ rainure lâche).
Les panneaux vissés qui ferment le dessous des marches peuvent être avantageusement revêtus de laine de verre agrafée pour assourdir les bruits d'impact et les résonances.
Sécurité - Maintenance
ZoomSécurité : les nez de marches ne doivent pas être moulurés mais seulement arrondis selon un faible rayon, juste pour casser l'angle vif (rayon maxi de 5 mm). Les nez de marche ou bandes antidérapantes vendus en accessoires ne se justifient que dans le cas de rénovation d'escaliers dégradés ou carrelés. La régularité des marches le long de la ligne de foulée, décrite à la section « Marches/contremarches », influe de façon majeure sur la sécurité ainsi que leur balancement harmonieux dans les quartiers tournants qui doit être réparti sur 7 à 8 marches au moins autour du poteau d'angle. Il faut penser aux enfants qui, en raison de leur petite taille et de leur vivacité, empruntent une ligne de foulée plus « à la corde » que les adultes. La largeur minimum au collet, prise à 15 cm de distance du limon, ne doit pas être inférieure à 10 cm.
Les lisses des balustrades, de 20 mm de section minimum, ne doivent pas présenter entre elles un espace libre supérieur à 11 cm (Fig. 25). La main courante murale doit être rigide (éviter les cordages, aussi beaux soient-ils) et établie au même niveau que celle de la rampe (90 cm au-dessus du nez de marche). Prévoyez de pouvoir la démonter facilement des poteaux pour le jour où vous déciderez de refaire papiers et peintures (Fig. 26).
ZoomIl est bon d'en disposer une seconde à mi-hauteur pour les enfants avec un profil proportionné à la taille de leurs mains. Si la vue de cette deuxième main courante nuit au décor, rien n'empêche de la peindre pour qu'elle se fonde au mieux sur le revêtement mural. Ne pas laisser les extrémités ouvertes (risque d'accrochage des vêtements) mais les refermer contre le mur.
Maintenance : la conception qui vous a été proposée montre que les éléments sont en grande partie démontables dans la mesure où le dessous de l'escalier est accessible. Cela permet d'intervenir ultérieurement pour remplacer un élément abîmé ou corriger un jeu qui serait apparu dans les marches. Cet aspect, qui peut sembler anecdotique, ravirait tous ceux qui possèdent un très bel escalier mais dont, hélas, quelques marches inaccessibles « craquent » !
Conclusion
Rien de titanesque dans ce projet d'escalier, mais plein de petites étapes pas à pas, à son rythme, sans grands risques d'erreurs grâce aux gabarits, et sur la base bien sûr d'un plan parfaitement établi. Là est sans doute le plus gros de l'effort. Aussi, en attendant de monter les marches quatre à quatre, prenez-vous la tête à deux mains !