Ce sont de loin les assemblages que j'utilise le plus souvent avec les dérivés bois. Je leur prête deux objectifs distincts :
• Les liaisons à plat, avec un cadre massif, une emboîture ou même pour réunir deux panneaux de même nature.
Je vous les présente ci dessous :
A et B : attention à la fragilité de la languette quand elle est poussée dans le panneau. C'est une bonne solution pour les multiplis, possible pour le MDF, envisageable avec des précautions pour les particules. J'évite cette solution quand le massif est constitué d'un cadre assemblé, car c'est alors le panneau que l'on met à format par rapport au cadre ; le fait de le bouveter complique cet usinage. La languette dans le massif est le système utilisé pour les emboîtures (vu plus haut). Elle est également utilisée pour des cadres assemblés car cela facilite l'ajustage du panneau. Ceci est valable pour tous les types de panneaux, la rainure ne fragilisant pas les chants.
C : j'utilise couramment cette solution, chaque fois que j'ai une différence d'épaisseur entre les éléments concernés. Je trouve cela pratique car facile à régler : il suffit de rainer en premier lieu, puis de jouer sur la hauteur de feuillure pour ajuster la languette. Attention : il faut une joue minimum de 5 mm ! Cette solution est, elle aussi, à déconseiller pour un cadre assemblé pour des problèmes de mise à format du panneau. Par contre, je la trouve très pratique pour emboîter des dessus de tables en surépaisseur... car ce sont alors les emboîtures que l'on ajuste autour du panneau. Cette solution est possible avec tous les panneaux ... mais en prenant des précautions pour les particules.
D : cet assemblage convient aussi pour tous les panneaux, le profil poussé dans le panneau étant une rainure. Je l'utilise cependant le moins possible à plat car la fausse languette est une pièce rapportée. On a donc trois pièces assemblées au lieu de deux quand l'embrèvement est dans la masse, donc davantage de risques de « travail ».
E et F : bien que ceci soit habituellement réservé à la construction de panneaux massifs, je me permets parfois de « rabouter » des dérivés bois avec ces procédés. Cela permet de réutiliser les chutes. C'est très efficace avec les lattés et le MDF, un peu plus délicat avec les CP et carrément déconseillé avec les particules. Dans tous les cas, utiliser exclusivement des fraises au carbure !
• Les liaisons d'angle servent à construire des structures entre panneaux ou avec des éléments massifs. En voici plusieurs :
G : excellent assemblage d'angle pour des structures où les chants peuvent être apparents, par exemple des tiroirs à façade rapportée. Facile et rapide à réaliser, je l'applique souvent sur tous types de panneaux.
H : le même que précédemment, quand on veut cacher le chant de façade (tiroir à l'anglaise...). Mêmes qualités et applications que sa variante du dessus.
I : la « Rolls » de la gamme. Evidemment un peu plus compliqué à réaliser, mais on ne voit rien ! A appliquer quand cela en vaut la peine.
J : La fausse languette simple est mon assemblage de prédilection pour les carcasses d'agencement car elle facilite la mise à format des panneaux, permet un usinage rapide, fiable et un montage aisé. Par contre, je ne l'utilise jamais pour des petites longueurs ou des assemblages sans retour d'angle car elle devient trop fragile. Je reviens dans ce cas aux schémas G, H, I.
K : je signale l'existence de la fausse languette d'onglet pour mémoire. Je ne l'adopte jamais, lui préférant le flottage d'onglet. En effet, nous avons 3 pièces en mouvement lors du serrage, devant être équilibrées en dosant la pression des serre-joints, ce qui est délicat. En outre, on a alors besoin du double de serre-joint
Mortaises et tenons
Passons rapidement sur ce point qui concerne plutôt le massif. Pourtant, les fabricants de MDF assurent que l'on peut usiner tenons et mortaises dans ce matériau. Il est vrai que ce type de panneau se prête à tous les usinages du massif. Quant à assembler... Pourquoi pas en laissant le jeu nécessaire ? Je n'ai jamais essayé et n'en vois pas l'utilité. Mais si vous pratiquez ceci avec bonheur, faites-nous part de votre expérience !
Collage à plat-joint
Si le panneautage massif supporte très bien le plat-joint sur chant (exemple : des tables d'harmonie en lutherie), il n'en est pas de même des dérivés bois, leur structure sur chant n'étant pas assez homogène. Par contre, ce que j'appelle le collage de masse, c'est-à-dire la superposition pour obtenir de plus fortes épaisseurs, fonctionne très bien, pour peu qu'on effectue ces collages sous presse ou châssis.
Outillage
Vous pouvez considérer tous les dérivés bois comme autant d'abrasifs. Aussi, pour les traiter, tous vos outils machine doivent impérativement être des outils au carbure. Pour la toupie, je trouve mon bonheur dans les outils à plaquettes jetables, très fiables, à cotes constantes et pas plus onéreux d'entretien que le coût régulier d'un affûtage. Idem pour la défonceuse. Pour le sciage, voici les dentures que j'utilise à la circulaire et dans quelles circonstances.
Pour les perçages, j'utilise mes mèches de mortaiseuse habituelles, avec un affûtage un peu plus fréquent. Il existe maintenant des mèches de mortaiseuses carbure, mais l'emploi m'en semble moins impératif que pour le sciage et le profilage. J'évite également de dresser les chants de panneaux à la dégau. Je fais cela à la scie à format. Si toutefois vous n'avez pas cette solution, réservez une plage (tout devant ou tout au fond) de votre arbre pour cela, car l'usure est rapide et impressionnante. A savoir qu'il existe des fers carbure et même partiellement carbure (une plage sur le devant). Renseignez-vous auprès de votre fournisseur habituel. Quant aux outils manuels, je ne connais pas d'autre solution que de les laisser souffrir et de les réaffûter plus souvent. J'utilise cependant un petit rabot à lame carbure pour affleurer manuellement les stratifiés. Cet outil possède un angle d'attaque beaucoup plus aigu qu'un rabot classique et sa lame biseau se monte au dessus, à l'inverse de l'habitude.