Vous l'avez compris : la difficulté du tournage est de choisir la méthode la mieux adaptée pour les phases d'usinage. Car à chaque étape, plusieurs solutions s'offrent à nous. Attardons-nous un peu sur les deux exercices que nous venons de mener.
Du débit à l'ébauche
Dans les deux cas, l'ébauche prise dans un seul et même débit offre l'avantage d'un travail symétrique du corps et du couvercle. Les dimensions de ces deux pièces permettaient d'effectuer l'usinage du couvercle sur une même ébauche (en bout). Lorsque vous travaillerez des pièces plus importantes, il faudra envisager soit de dégrossir l'ébauche globale avant de la séparer en deux parties, soit de séparer l'ébauche en deux parties et de dégrossir ensuite chaque élément. Pour plus de rationalité, on choisira la première solution, en bois de fil bien évidemment, pour une continuité du veinage et une simplicité de manipulation.
Le couvercle
Dans le premier exercice, la forme assez plate du couvercle ne nécessitant pas de creusage, l'usinage du haut vers le bas en progressant vers la prise est logique. De plus, la continuité du veinage n'est possible que si l'on garde les fibres dans le même sens pour les deux parties (corps et couvercle). Dans le second exercice, dans l'ébauche, la position du couvercle se trouve inversée par rapport au corps et le veinage ne peut donc pas être dans la continuité. Si l'on avait séparé l'ébauche en deux parties, nous aurions placé les fibres dans le bon sens sans changer la logique d'usinage, à savoir le creusage de l'intérieur du couvercle avant l'usinage de l'extérieur. Les dimensions de notre ébauche se trouveraient augmentées et un montage démontage supplémentaire entrerait dans la méthode d'usinage. Je vous l'ai dit : c'est une question de choix de la méthode de travail.
L'assemblage
Dans nos deux exercices, l'assemblage se réalise en deux phases : le tenon sur le couvercle, puis la feuillure sur le corps de la boîte. C'est là encore une logique liée à l'usinage. Si nous avions des pièces séparées, nous pourrions commencer par réaliser la feuillure du corps de la boîte et ensuite le tenon sur le couvercle. On pourrait aussi inverser l'assemblage en faisant supporter le tenon par le corps de boîte, ce qui, dans les pièces de petites dimensions, augmente la profondeur utile. Rappelez-vous qu'il est plus facile de calibrer un tenon qu'une empreinte lorsque le tour est en rotation. Encore une question de choix !
Le corps de boîte
C'est surtout le creusage qui peut changer l'ordre d'usinage. Ainsi dans le deuxième exercice, on peut tout à fait inverser les phases 11 et 12. Une bonne maîtrise des outils de creusage permet effectivement de réaliser l'assemblage avant de creuser. Mais attention : le moindre dérapage anéantira votre travail d'ajustage ! Je préfère, quand cela est possible, réaliser l'assemblage sur un creusage presque terminé. Le risque d'accrocher est moindre (facilité d'utilisation d'un grain d'orge) et, de plus, les tensions du bois étant libérées, la géométrie de l'assemblage est meilleure. Ah le choix !
Toutes parties
Dans nos exercices, nous avons utilisé un système économique de reprise et d'entraînement (emprunt ou empreinte + tenon) en nous servant d'une partie de la boîte pour entraîner l'autre. Cette technique, quand on la maîtrise, peut être utilisée pour toutes vos réalisations et pas seulement pour des boites. En travaillant indépendamment une pièce, on peut ainsi creuser l'intérieur, réaliser un assemblage, dresser un fond et ensuite passer par cette pièce de reprise intermédiaire pour façonner l'extérieur. Par rapport à l'utilisation d'un mandrin, cette méthode présente l'avantage de ne pas marquer la pièce. Personnellement, j'ai un carton rempli de pièces de reprise qui fait partie de mon outillage de base malgré les divers mandrins et mors que je possède.
Et en bois de travers ?
Quel que soit le sens du bois, les étapes d'usinage diffèrent peu. Vous aurez surtout des éléments d'ébauches distincts entre le corps et le couvercle. Une ébauche en bois de travers est prélevée dans un plateau et il semble peu raisonnable de la refendre en épaisseur pour conserver une continuité. Mais cela reste possible. Le mélange de bois de fil et de bois de travers est aussi possible pour un couvercle ou un pied, dont le diamètre maximal est très différent de celui du corps (Photo 46).
La finition des dessous
Nous l'avons vu : dans certains cas, la finition brute d'outil n'est pas satisfaisante. Quand la reprise est possible, il ne faut donc surtout pas s'en priver ! Quelques minutes suffisent pour réaliser un tenon au diamètre de l'ouverture de la boîte ou du couvercle. Sinon, vous pouvez finir certaines surfaces avec une fraise montée sur un flexible ou une mini-perceuse. Le rendu est différent, mais cette façon de faire apporte une solution rapide à la finition des dessous. Dans tous les cas, le soin apporté à l'ensemble de votre travail le valorisera... sans compter l'admiration de votre entourage. Et là, vous n'avez plus le choix ! Bons tournages.
écrit par Pat Ganot, Le Bouvet