A l'extérieur, grâce à ses propriétés désinfectantes, le badigeon est souvent utilisé pour la protection des supports autant que pour son caractère décoratif (fresques, frises etc.) comme on le voit en Grèce avec des façades extrêmement blanches en raison de la qualité de la chaux locale ou en Italie pour les fresques en particulier. En peinture d'intérieur, le badigeon est apprécié pour son aspect mat, velouté et un vieillissement qui lui donne beaucoup de charme. Sur les supports modernes du type Placoplatre, BA 13, vieilles peintures etc., il faut adapter le badigeon pour lui permettre de tenir et éviter quelques désagréments.
La composition
Le badigeon est composé à base d'eau, de chaux aérienne (poudre ou pate) et de pigment. Sa composition est la suivante : un volume de chaux pour trois volumes d'eau. Les pigments ne doivent pas excéder 25% du poids de chaux pour les terres et ocres, et 15% pour les oxydes. Cela peut sembler à certains plus compliqué, mais rassurez-vous en général cela fonctionne et la fabrication du badigeon ne relève pas de l'alchimie. Il faut être simplement être attentif aux masses et aux volumes.
Les indications que nous avons proposées peuvent vous aider à résoudre les problèmes rencontrés que nous verrons plus loin. A cela, on doit ajouter un fixateur. L'alun de potasse est un très bon fixateur que l'on trouve facilement dans les pharmacies à raison de 2 à 3 % du poids de la chaux. Il est également possible d'utiliser de la colle à papier peint qui épaissira la peinture (6 à 8g/l d'eau).On peut aussi penser au polyvinyle d'acétate utilisé pour les patines, il est moins souvent conseillé mais tout à fait correct.
L'utilisation
ZoomLe fond du support moderne doit, en général, être traité de la même façon car le mat est nettement préférable en raison de sa microporosité servant à l'accroche : il sera « bu » et évitera des désagréments. Cependant, il n'est pas obligatoire de repeindre les murs, car tout dépend des fonds. Par exemple, on peut casser l'aspect satiné avec du papier de verre. La blancheur du fond n'est en rien un impératif. On peut jouer avec la transparence et une couleur de fond différente à condition de rester dans les tons clairs. Si les murs comportent des déformations (trous, griffes, bosses etc.), le rendu n'en sera que plus intéressant car le badigeon de chaux a tendance à se nuancer à certains endroits plutôt que d'autres, cela en fonction de la teneur en chaux qui n'est jamais égale entre chaque passe. Rien à craindre : il n'y aura jamais de disharmonie. Voici un exemple de badigeon en noir sur une porte.
C'est la chaux qui va donner au badigeon les nuances, offrant du mouvement à vos murs. Cependant, cette méthode de peinture est déconseillée pour les plafonds gare aux risques car il est trop liquide à l'exception de certains badigeons ayant une meilleure stabilité et consistance due à de nombreux adjuvants. Avant de passer au chantier, il faut toujours réaliser des échantillons sur un support type BA 13 ou une planche préalablement imprimée et couverte par une mince couche de peinture acrylique mate. Il est important de noter les proportions utilisées car si l'on est à cours il faudra retrouver la même couleur et un œil, même expérimenté, ne peut être sûr d'y parvenir !
La méthode
C'est une peinture qui se fait en deux ou trois passes, entre chaque passe, 20 à 40 minutes doivent s'écouler en fonction des conditions de séchage liées à la température ambiante et au support. Il faut également éviter qu'il ne sèche trop vite car cela peut provoquer un farinage, il faut donc oublier l'emploi de siccatif pour gagner du temps ! Si l'on rencontre cette déconvenue, elle peut être parée en choisissant comme fixateur de la colle à papier peint, elle aura pour effet de retarder le séchage du badigeon.
Il ne faut jamais oublier, lors de la réalisation, de remuer à chaque fois que l'on prend du badigeon sinon la chaux retombe au fond et des écarts de couleurs gênantes risquent d'apparaître.
Un point important : plus il y a de chaux, plus le ton sera clair. En moyenne, on estime perdre deux à trois tons au séchage. Pour l'application du badigeon, il est préférable d'utiliser un spalter de 15 à 20 cm et travailler par carré de 2m². Avec un geste souple et qui se croise. Il faut éviter de faire des bandes à moins que ce ne soit l'effet désiré. Voir l'exemple sur la photo .
Dans le commerce de grande distribution, on conseille parfois d'utiliser un rouleau de peintre, c'est pourtant à proscrire ! Il faut utiliser plutôt des brosses en poils (brosse pouce, à patines, spalter etc.), et surtout éviter les brosses synthétiques. La meilleure méthode n'existe pas, chacun se familiarise avec une gestuelle qui lui convient, il faut pour cela faire des essais croisés.
Si on souhaite obtenir des tons fondus et moirés, il faut préparer des badigeons avec des tons différents. Mais une fois encore : n'oubliez pas de prendre des notes sur le poids et les volumes pré-établis en cas de rupture de matière ! Il est également important de protéger sa peinture. Pour cela, il faut attendre quelques jours puis appliquer une cire en une ou deux passes. Les cires ne doivent pas être trop grasses, toutefois on peut l'amaigrir avec un diluant comme l'essence C. Concernant l'application, on peut préférer l'application au couteau à enduire plutôt qu'au chiffon qui laissera des traces en cas de manipulation maladroite. Si on termine en deux passes, il ne faut lustrer que la seconde sans tarder car elle tire rapidement.
Et maintenant à vos pinceaux et bon courage à tous !
Ecrit par www.omesens.com