Dans un contexte d’effort collectif de réduction de l’empreinte carbone pour préserver l’environnement, les réglementations gouvernementales évoluent, et ce, pour tous les secteurs. La première réglementation thermique a été mise en place en 1974 pour limiter la consommation d’énergie des bâtiments neufs, et a bien mûri depuis.
Au fil des différentes RT entre 1982 et 2005, cette consommation a été divisée par 2, puis encore par 3 en 7 ans, entre 2005 et 2012. Depuis le 28 octobre 2011, la norme en vigueur pour le logement neuf à Bordeaux, Paris, Toulouse et toutes les villes de France est la RT 2012. Celle-ci limite la consommation d’énergie des bâtiments neufs à 50 kWhEP/m²/an maximum et permet aux constructions d’afficher des labels tels que HPE (haute performance énergétique), THPE (très haute performance énergétique) ou BBC (bâtiment basse consommation).
Aujourd’hui, même si l’effort est quantifiable et certain depuis des décennies, la situation environnementale est plus que critique et se doit d’être adressée avec des mesures beaucoup plus fortes pour espérer avoir un impact positif. Une nouvelle réglementation a été pensée pour tenter d’aller dans ce sens?: la RE2020.
Les objectifs de la RE2020
Avec la loi Énergie Climat, la France a pris des engagements dans la lutte contre le changement climatique et compte bien atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Évidemment, ce n’est pas simple. Cela implique un nombre important de changements dans les processus de production de tous les secteurs, ainsi que dans les habitudes de consommation de l’ensemble de la population. Du côté du bâtiment en tout cas, de nouvelles mesures ont été prises avec la Réglementation Environnementale 2020, ou «?RE2020?».
Avec cette nouvelle réglementation, l’objectif est de réduire au maximum les émissions de carbone du bâtiment et d’arriver à un niveau de consommation d’énergie proche de 0, soit à la «?maison passive?», produisant plus d’énergie (propre) qu’elle n’en consomme.
Dans les grandes lignes, la RE 2020 suivra ces directives?:
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- Diminuer l’impact sur le climat des bâtiments neufs en prenant en compte l’ensemble des émissions du bâtiment sur son cycle de vie, dès la construction. Cela permettra d’une part d’inciter à des modes constructifs qui émettent peu de gaz à effet de serre ou qui permettent d’en stocker tels que le recours aux matériaux biosourcés. D’autre part, la consommation de sources d’énergie décarbonées sera encouragée, notamment la chaleur renouvelable.
- Poursuivre l’amélioration de la performance énergétique et la baisse des consommations des bâtiments neufs. La règlementation ira au-delà de l’exigence de la règlementation actuelle, en insistant en particulier sur la performance de l’isolation quel que soit le mode de chauffage installé, grâce au renforcement de l’indicateur « de besoin bioclimatique » (dit « Bbio »).
- Garantir aux habitants que leur logement sera adapté aux conditions climatiques en introduisant un objectif de confort en été. Les bâtiments devront mieux résister aux épisodes de canicule, qui seront plus fréquents et intenses du fait du changement climatique.
Les réglementations énergétiques & thermiques
Le premier changement marquant est que la RE2020 imposera aux bâtiments neufs une production d’énergie supérieure à leur consommation. Cette consommation ne devra d’ailleurs pas dépasser les 12 KWh/m²/an. C’est ici qu’intervient le concept des «?BEPOS?», ou «??Bâtiment à Énergie Positive?», encouragé par le ministère de la transition écologique. Ces bâtiments passifs sont construits et équipés de manière à restituer plus d’électricité ou de chaleur et reposent notamment sur des principes d’isolation thermique et d’étanchéité à l’air optimale, ainsi que de captation, accumulation et production d’énergie solaire.
Avec le réchauffement climatique et la multiplication des épisodes caniculaires durant l’été, la RE2020 prévoit une garantie de confort thermique de manière à ce que de moins en moins de systèmes de climatisation soient nécessaires. Un nouvel indicateur inclus dans le Bbio a été mis en place pour calculer les besoins en rafraîchissement, le Degré Heure (DH), qui ne devra pas dépasser un certain seuil (350DH). Pour cela, les bâtiments devront être construits et isolés de manière à offrir une «?climatisation fictive?» et donc un certain confort de vie en été.
Ces nouvelles réglementations matérielles ont pour but de faire baisser drastiquement les émissions de dioxyde de carbone engendrées par la consommation d’énergie. Ainsi, les objectifs fixés par la RE2020 en 2022 sont de 4kg CO2 eq/m²/an pour les maisons individuelles et de 14kg CO2 eq/m²/an pour les logements collectifs. Ces derniers devront passer à 6,5kg CO2 eq/m²/an d’ici 2025.
Les réglementations matérielles
Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, la décarbonation des matériaux et produits utilisés pour la construction des bâtiments neufs est nécessaire. Pour cela, il convient de démocratiser l’utilisation de matériaux biosourcés comme le bois, le liège, le chanvre ou la ouate de cellulose. Les matériaux géo-sourcés, et plus particulièrement la terre crue, apparaissent également comme une solution alternative au béton et à l’acier, et dont les techniques d’exploitation se développent.
«?Grâce à leur déphasage thermique et à leurs propriétés respirantes, les matériaux biosourcés et géo-sourcés présentent des performances reconnues tant sur le plan de l’isolation thermique que sur celui du confort hygrométrique. Leurs capacités d’insonorisation constituent un atout technique supplémentaire garantissant une bonne qualité de vie pour les habitants.?»
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Ces matériaux peuvent être utilisés dans toutes les étapes de la construction, de la structure à la finition, en passant par l’isolation. De même que la production énergétique, le cycle de vie d’un bâtiment neuf engendre des émissions de CO2.
La nouvelle réglementation environnementale prévoit une réduction de 30% de ces émissions. En 2022, les logements collectifs devront atteindre les 740 kgCO2/m²/an et les logements individuels 640 kgCO2/m²/an.
Les projections sur 2031 voient ces chiffres se réduire respectivement à 490 kgCO2/m²/an et 415 kgCO2/m²/an.