C'est là que l'utilisation d'un isolant naturel prend tout son sens. Entendez ici, isolant dont la capacité de régulation de l'hygrométrie est bonne, c'est-à-dire capable d'absorber puis de restituer l'humidité sans se dégrader ni perdre de sa capacité d'isolation. Mais pour qu'il puisse jouer son rôle, il faut qu'il soit entouré de matériaux ouverts à la diffusion de vapeur. Pour favoriser la migration de l'humidité, ils doivent être de plus en plus ouverts à mesure que l'on se rapproche de l'extérieur. La réglementation britannique préconise ainsi que la paroi extérieure soit cinq fois plus perméable à la vapeur d'eau que la paroi intérieure.
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Finalement, au lieu de chercher à extraire mécaniquement l'humidité ambiante, on va la laisser sortir naturellement par les murs, le toit et le sol. Le principe du mur respirant ou « perspirant » est donc de simplement réguler cette migration pour qu'elle se fasse de façon homogène dans la paroi, que cet échange se passe en douceur, à des endroits différents selon les moments de la journée et surtout qu'il se termine par une évacuation de l'humidité à l'extérieur de façon naturelle. C'est le rôle que va jouer l'association judicieuse d'un freine-vapeur et d'un isolant naturel dans une maison en bois par exemple.
Attention toutefois, les murs respirants ne remplacent pas la ventilation de la maison pour renouveler l'air. « Chaque matériau, chaque système constructif a ses particularités. Nous utilisons des logiciels spécifiques (Glaser ou maintenant Wufi) pour calculer les échanges de façon théorique et préconiser le freinevapeur et le pare-pluie le plus adapté, explique un spécialiste des films respirants. Si le régulateur de vapeur est trop ouvert, le point de rosée se fera du côté chaud.
ménageant une lame d'air entre le bois et le pare-pluie.
Nous tenons compte de l'orientation de la façade (le réchauffement de la façade par le soleil joue son rôle dans le déplacement du point de rosée), du système de chauffage du bâtiment (convection ou rayonnement...) et des freins constitués par les matériaux mis en oeuvre. Une maison en ossature bois, par exemple, va bénéficier aussi de l'effet régulateur du bois, ce qui ne sera pas le cas dans une maison en maçonnerie, même bien isolée. » Chanvre, cellulose, fibre de bois, laines animales, plumes... tous ces isolants ont des comportements souples face à l'humidité. La laine de mouton peut même absorber jusqu'à 30 % de son poids en eau et le restituer sans s'abîmer. Par souci de cohérence, on privilégiera des enduits à base de chaux et sable, exempts de produits ignifuges, ou des bardages bois sur lame d'air ventilée en finition extérieure.
Sols et toitures
Les échanges sont semblables au niveau de la toiture, mais la diffusion doit être supérieure, car la vapeur monte. « Le traitement du sol est plus complexe car il faut aussi prendre en compte le phénomène de radon et de capillarité, dont on va chercher à se protéger. La démarche varie selon la présence ou non d'un vide sanitaire ventilé, d'un radier, d'un hérisson, d'un puits canadien... En outre, l'impact sera réduit car la température du sous-sol est plus stable que sur une façade exposée. »
en ossature bois. Exemple de pare-pluie, AmpatopF2 d'Ampack.
Sa valeur Sd est de 0,01 m.
Coefficient de perméabilité à la vapeur π = 2378 g/m2 x 24h.
Les films de la maison
Le pare-vapeur ou freine-vapeur est un régulateur d'humidité ambiante. Sa constitution (feuille de kraft paraffinée, renforcée à la fibre de verre) garantit une perméabilité à la diffusion de vapeur et une étanchéité à l'air, sous réserve d'une bonne mise en oeuvre. Il se pose sur le côté intérieur de l'isolant et se trouve séparé du parement intérieur (Fermacell, lambris...) par une lame d'air inerte qui permet le passage des gaines techniques. Le pare-pluie protège avant tout du vent. Il enveloppe la maison (cas d'une ossature bois) ou le toit, par l'extérieur avant la finition ou la couverture. Constitué de polypropylène microporeux ou de films écologiques sans plastique, il garantit l'étanchéité à l'air et à l'eau tout en laissant s'échapper l'eau sous forme de vapeur.
Les bonnes pratiques
Attention toutefois, ces matériaux exigent une pose irréprochable : la moindre fuite dans le freine-vapeur et l'humidité s'engouffre dans l'isolant. La moindre fuite dans le pare-pluie (qui devrait s'appeler pare-vent en premier lieu) et la maison devient une passoire. Le test du blowerdoor permet de tester l'étanchéité de la maison à l'air en la plaçant en surpression. Les recouvrements ainsi que la périphérie du freine-vapeur doivent être jointoyés avec un adhésif étanche, résistant et garanti. « Le parement intérieur (placo, Fermacell, lambris...) n'est jamais étanche (fixations, prises électriques, câbles...). L'idéal est de ménager une lame d'air inerte de 22 mm entre la finition intérieure et le freine-vapeur. La vapeur d'eau s'y répartira avant de traverser le freine-vapeur
et entrera dans l'isolant de façon homogène. » De même le pare-pluie doit être agrafé puis collé. Les joints et les périmètres d'ouverture (dites pénétrations) doivent être étanchéifiés par des adhésifs adaptés. Les enduits décoratifs naturels (à base de chaux ou de terre), dispensent de pare-vapeur, sous réserve d'une bonne mise en oeuvre.
Crédits :
-Ampack (Films respirants - négoce) 10, Rue Montrieux 25300 Pontarlier - Tél. : 03 81 39 20 45
-Artech Architectes, Yvon Serres 4070 rte Neufchâtel 76230 Bois Guillaume - Tél. : 02 35 60 55 95- www.artech-archi.fr
-Atelier d'Architecture de la Grippelotte / Francine Henrotte, Rue de la Grippelotte, 12, 1325, Chaumont-Gistoux,
Belgique - Tél. : 00 32 10/689341
-Entreprise Merlot 10, rue du Champ des Bords - 86100 Châtellerault - Tél. : 05 49 21 16 49
-P. Fournier
-Jean-Pierre Oliva, L'isolation écologique, Terre Vivante