Alors qu'il était commercial pour une grosse scierie allemande depuis cinq ans, Sébastien va tout quitter. Notamment son métier, qu'il ne trouve plus conforme à ses principes et ses valeurs. Pour lui, le fait que des centaines de camions partent depuis la Pologne ou l'Allemagne pour livrer des clients en France, avec tout ce qui en découle (problème de délais, ruptures de stock, pollution, concurrence pour les petites scieries, sous exploitation de la forêt française), s'apparente à une hérésie. Alors, en 2006, il plaque tout et revend son appartement, acheté à crédits, pour partir au Québec avec sa femme et la ferme volonté de repartir de zéro. Pour ce faire, Sébastien se lance dans une nouvelle formation dans une école de construction de maison en bois rond. Une évidence. « Séb », qui a toujours baigné dans l'univers des arbres puisque son père tenait une entreprise d'exploitation forestière dans le Doubs, se retrouve alors comme un poisson dans l'eau.
Et l'idée qu'il avait depuis quelques temps de construire une fuste devient vite réalité, ce type de construction représentant pour lui la solution idéale : saine, moderne, écologique... et en bois bien sûr ! Le projet se situe dans la région des Laurentides au nord ouest de Montréal à "Lakefield" près de Lachute. La technique employée est de type scandinave, style poteaux-poutres. Schématiquement, une fuste est donc une maison en rondins de bois brut, ces derniers étant agencés les uns sur les autres pour créer des murs à la fois étanches et solides.
140m², 165 000 euros
ZoomChaque tronc, d'abord écorcé (voir nos photographies), conserve sa forme et vient s'apposer sur celui qui le précède. Une année de travail (dont cinq mois où il sera seul dans cette fabuleuse entreprise, et 7 mois à deux personnes) plus tard, la fuste trône au milieu de la forêt québécoise. 140 m² répartis sur deux niveaux, que Sébastien aura principalement monté seul, le néo-Québécois n'ayant recours à des professionnels que pour le terrassement, le puits artésien, la fosse sceptique et le champ d'épuration. 165 000 euros, c'est le coût total de ce projet pharaonique, incluant l'achat de terrain, les coûts divers, la nourriture... Sachant que pendant ces travaux, le couple Millot logera dans une caravane...
Les fondations sont sur pilotis (environ 5 mètres cubes de béton seront utilisés pour l'ensemble du projet), la construction et la charpente en bois rond provenant bien évidemment d'une exploitation locale au Québec. Outre un foyer de masse, les autres éléments écologiques de cette maison sont multiples : toit en bardeaux de mélèze local, fenêtres en bois, pas d'ouvertures au nord, lasures écologiques... Mais Sébastien, passionné qu'il est par le bois et la construction, ne compte pas s'arrêter en si bon chemin : une seconde maison du même type est déjà en phase de construction, en France cette fois ci ! D'ailleurs pour cette nouvelle maison, Sébastien va encore plus loin, avec l'utilisation d'un chauffe-eau solaire, de toilettes sèches, de toiture végétalisée ou d'isolant naturel !
S'il avoue qu'il ne vit pas à 100% dans l'écologie, Sébastien tente toujours de rester cohérent entre sa façon de construire et sa façon de vivre : consommation minimaliste, aliments bio... Notre passionné du bois et des arbres a donc réussi son tour de force de construire intelligemment, en accord avec ses principes et l'environnement. Un pari un peu fou, mais un pari gagné !
Retrouvez d'autres photos sur le site de Sébastien www.lafustedescolibris.com